Grotte de Saint-Marcel d’Ardèche

Classement : Site Classé / Réserve Naturelle Nationale

Organisme gestionnaire : Commune de Saint Marcel d’Ardèche et Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche

Présentation :

L’entrée naturelle, résurgence principale de l’ancienne rivière souterraine à l’origine du creusement du réseau fut découverte en 1836 en contrebas du site touristique actuel, 40 m au-dessus de la rivière Ardèche. Aujourd’hui, le réseau de Saint-Marcel est l’un des plus grands réseaux souterrains de France avec 60 km de galeries réparties sur trois niveaux principaux.

Connu pour l’ampleur de son développement, la beauté et les volumes de ses galeries, le réseau de Saint-Marcel se développe sur 230 m de hauteur avec 2 niveaux principaux supérieurs fossiles et un niveau inférieur actif se prolongeant au niveau actuel de l’Ardèche et par endroits jusqu’à 60 m en dessous. Les études scientifiques en géologie, archéologie, hydrologie et climatologie menées sur le réseau concourent à la renommée internationale du site.

Centres d’intérêts scientifiques ou pédagogiques :

  • Géologie : un site de référence

L’étude des niveaux fossiles du réseau de Saint-Marcel a montré que son creusement s’était effectué au cours de deux phases consécutives liées aux variations du niveau de la mer Méditerranée consécutives à la crise de salinité messinienne. La remise en eau du bassin méditerranéen il y a environ 5,3 millions d’années a provoqué une remontée du niveau de base et un creusement du réseau souterrain « par ascensum » (Mocochain, 2006). Le réseau de Saint-Marcel est ainsi connu dans la littérature scientifique internationale comme site de référence, la morphologie de ses galeries et puits cheminées conservant la mémoire de cet épisode géologique essentiel.

  • Archéologie préhistorique : du Paléolithique moyen au Chalcolithique

Des fouilles archéologiques ont permis de mettre en évidence l’occupation du réseau par l’Homme préhistorique dès le Paléolithique moyen. Ainsi, la zone sous le porche a permis de dégager un site de référence renseignant sur l’occupation de l’Homme de Neandertal en Sud-Ardèche entre 90 000 et 38 000 ans BP (Gilles 1986, Moncel et al. 2004, Szmidt et al. 2010).

Une peinture paléolithique datée du Solutréen (21 650+/-800 BP) a été découverte en 1964 au niveau supérieur, dans la grotte dite de la « Tête du lion », à l’extrémité de ce qui semble être une ancienne résurgence du réseau.

Enfin, dans la galerie de l’entrée naturelle, à une centaine de mètres du porche d’entrée, un site néolithique et un site chalcolithique ont été fouillés dans les années 80 (Gilles 1988).

Une réflexion d’ensemble sur l’accessibilité du site lors des différentes périodes de la préhistoire ainsi qu’une campagne de prospection sont actuellement en cours de planification par la direction du site.

  • Paléontologie : une grotte à ours

Outre les trouvailles occasionnelles relativement fréquentes d’ossements d’animaux à divers endroits du réseau, une fouille a mis au jour récemment un crâne d’ours des cavernes associé à un silex taillé au bout de la galerie de l’entrée naturelle (Moncel et al. 2016, 2017). Suite à cette découverte, des prospections minutieuses menées dans cette galerie ainsi qu’en d’autres points du réseau profond ont conduit à l’identification de nombreux polis, griffades et même quelques empreintes d’ours des cavernes (Philippe, en préparation).

  • Hydrologie : un réseau actif en cours d’exploration

De récentes recherches en hydrologie ont révélé l’existence d’un écosystème particulier dans les galeries noyées du réseau issu de la coexistence de deux sources d’approvisionnement en eau : les eaux karstiques provenant des bassins d’alimentation de Bidon ou de Saint-Remèze et des eaux de l’Ardèche. Saint-Marcel est connecté avec la nappe phréatique formant la plus grande réserve d’eau du bassin d’Alès (Cailhol 2016).

  • Climatologie : reconstitution du paléo environnement entre – 120 000 et – 12 000 ans

Les réseaux souterrains sont aussi d’extraordinaires archives pour la connaissance de l’histoire paléo-climatique de la planète. L’analyse des cernes de croissance des stalagmites permet de compléter les informations livrées par l’analyse des carottes glaciaires. Une recherche collaborative entre des chercheurs de l’Université de Savoie et de Melbourne est actuellement en cours sur des prélèvements réalisés dans le site (Corrick et al., en préparation).

  • Planétologie : des référentiels pour l’étude de la formation d’autres environnements terrestres et extraterrestres

En complément des connaissances déjà bien établies dans le domaine des motifs formés sur substrats meubles (dunes et rides éoliennes, rides de courant aquatiques, dunes de neige), les motifs qui se développent en contexte souterrain, sur terrain solide rocheux par dissolution (coups de gouges) ou précipitation (barrages de travertins ou « gours ») apportent de nouvelles données. L’étude des modelés vise au développement d’une méthode de reconstitution des caractéristiques des écoulements et à terme à étayer des hypothèses sur la formation des divers aspects de surfaces observés dans d’autres environnements terrestres ou extraterrestres (Mars, Pluton, satellites de glace de Saturne et de Jupiter, comètes,…) (Bourgeois, en cours)

  • Œnologie et milieu souterrain : Des expérimentations de vieillissement des vins.

Une expérience de vieillissement de vins en fûts de chêne a été menée ces 5 dernières années dans le niveau supérieur du réseau accessible aux visiteurs. Cette action induit des problématiques de conservation du milieu souterrain, notamment avec l’apparition de champignons se nourrissant des vapeurs d’éthanol. Une étude bactériologique est en cours sur ce sujet (Pfendler, en préparation).

Du fait de ces pollutions, seules des bouteilles ont été descendues cette année.

 Mots clefs  thématiques: archéologie, biologie, climatologie, écologie, géologie sédimentaire, géomorphologie, hydrologie, impact fréquentation touristique, karstologie, météorologie, œnotourisme, paléoclimatologie, paléontologie, préhistoire

Mots clefs typologie de sites: grotte naturelle instrumentée (CO2, radon), grotte aménagée, karstologie, œnotourisme, paléoclimatologie, canyon – gorge – lapiaz, panorama lecture paysages, site archéologique, réseau noyé, espace de médiation, sentier botanique

Modalités d’accès :

Modalités d’accès variées selon les projets d’étude : Direction du site touristique de la Grotte Saint-Marcel, Syndicat de Gestion des Gorges de l’Ardèche, Comité Départemental de Spéléologie

Accompagnement possible :
A voir en direct avec les trois entités citées selon le type de projet (accès au réseau aménagé ou non aménagé, thématique de l’étude).

Le réseau non aménagé pour le tourisme est classé en environnement spécifique par le Code du Sport (article R212-7). Aussi, l’encadrement de groupe en dehors des circuits touristiques des cavités aménagées nécessite des compétences particulières, certifié par un diplôme professionnel délivré par l’Etat ou fédéral délivré par la Fédération Française de Spéléologie.

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